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Le WHED c'est quoi ?

Retour en arrière sur le WHED

20 000 établissement d'enseignement supérieur dans 196 États et territoires de la planète sont répertoriés dans la base de données du WHED, ainsi que des informations sur les systèmes d'enseignement supérieur et les diplômes dans ces pays. La liste des universités existe sous forme papier depuis 1952 et est accessible en ligne depuis 2015, en anglais seulement.

Ce répertoire est géré par l'AIU, l'Association Internationale des Universités, l'une des plus importantes associations internationales d'universités au monde.

Tout répertoire bien structuré suppose une liste de critères pour avoir le droit d'en faire partie. Pour le WHED, ces règles sont les suivantes :

Pour les États et les territoires

Ils doivent être membres ou associés du système des Nations-Unies et de l'UNESCO (ou même simple observateur comme le Saint-Siège). Certains États comprennent plusieurs entités (Belgique, Canada, Etats-Unis) selon leurs systèmes nationaux, pus ou moins fédéralistes. Les données sont fournies par les autorités nationales compétentes et reconnues internationalement, souvent les ministères concernés. En matière d'éducation, d'ailleurs, les situations peuvent être extrêment variées selon les pays, avec des ministères unifiés de l'éducation ou des ministères éclatés entre plusieurs parties du système éducatif, incluant la jeunesse ou la formation professionnelle, et excluant souvent la recherche ou l'innovation.

En matière d'international, plusieurs États et territoires sont contestés, et la liste retenue ne plaît pas à tout le monde. Aucune liste ne le ferait. Les contestations touchent certains États mais surtout des territoires. Comparez avec cette liste, du site Atlas-Francophone de Jean Villette qui comporte 253 entités territoriales. Vous vous souvenez certainement du départ des États-Unis et d'Israël de l'UNESCO suite à l'adhésion de la Palestine à cette organisation. Avec le tracé des frontières, régulièrement contestées dnas beaucoup de zones, cette question agite les spécialistes de géopolitique.

On peut par ailleurs regretter que des données multi-États ne figurent pas dans le WHED, pour des entités comme l'Union européenne ou l'Union africaine par exemple pour lesquelles existent pourtant des autorités "régionales". À ce titre, une vraie base de données devrait pouvoir permettre des regroupements et inclure des notions parents-enfants-cousins, même si ces questions sont contestées. Beaucoup d'États contetent certaines de ces définitions ou de ces frontières, au point de faire la guerre avec leurs voisins ou de combattre ces positions avec acharnement dans les enceintes internationales.

Pour les établissements d'enesignement supérieur

- Être localisé dans un État ou un territoire référencé précédemment

- Être reconnu et référencé/accrédité par l'autorité nationale comme un tel établissement (établissement dispensant un enseignement supérieur, reconnu comme relevant du système d’enseignement supérieur d’un État Partie par une autorité compétente de celui-ci ou d’une de ses unités constituantes.

- Délivrer des diplômes ou des diplômes professionnels d'une durée d'au moins 4 années, sauf pour les établissements membres de l'AIU pour lesquels la durée minimum est de 3 années.

- Avoir eu au moins 3 cohortes, sauf pour les établissements membres observateurs de l'AIU.

- Ne pas être une institution qui assure uniquement des formations militaires ou religieuses

Sont ainsi exclues du WHED plusieurs types d'institutions : certaines écoles d'ingénieurs ou de commerce, des établissements jeunes ou en restructuration, des centres de recherche, ou le CNRS en France par exemple. Lorsqu'il s'agit de composantes d'une institution répertoriée dans le WHED, un lien est la plupart du temps fait avec l'institution mère, et possiblement avec une COMUE en France. L'absence des centres de recherche, non composantes d'un établissement d'enseignement supérieur a ainsi tendance à rompre le lien pourtant fondamental entre enseignement supérieur et recherche, alors même que de nombreux doctorants et jeunes chercheurs y sont formés.

Les divisions d'universités, ou les regroupements d'universités s'effectuent régulièrement et sous différentes formes selon les pays et les systèmes réglementaires. Il n'est pas possible de suivre dans le WHED l'histoire d'une institution et ses rattachements successifs (parents-enfants).

Le fait que les institutions membres de l'AIU bénéficient d'avantages (placement en haut des pages de résultats, logos, et surtout critères plus souples d'inclusion dans le WHED) introduit une ambiguité pour le lecteur : certaines institutions sont ainsi privilégiées parce qu'elles adhèrent à l'AIU, contre une cotisation, au même titre qu'un référencement publicitaire sur votre moteur de recherche favori. Je sais, cela peut paraître extrème et injuste comme critique, mais il faut simplement le savoir. Les critères d'inclusion dans le WHED , officiellement stricts et clairement définis, sont donc contournables. L'AIU, en tant qu'association d'universités a naturellement des critères clairs pour son adhésion - des critères plus larges que ceux du WHED. Beaucoup d'associations universitaires nationales, régionales, internationales ou thématiques existent de par le monde, et leurs critères d'édhésion varient énormément. Une analyse de type parangonnage de ces associations aurait le mérite d'être intéressante... Nous y reviendrons sur ce blog, rassurez-vous.

Aujourd'hui ?

Les données du WHED ont du mal à être tenues à jour pour des raisons évidentes : un grand nombre de types d'institutions et de systèmes nationaux, des évolutions rapides dans ce secteur où les enjeux sont importants, avec un poids important des classements de toutes natures qui se développent très vite, et enfin les capacités limitées de l'AIU - seule à gérer le WHED - pour moderniser le répertoire et en faire un outil vraiment global.

Une des questions qui se posent est celle de la représentativité du WHED. Des pays et donc des institutions sont sous-représentés car leur système national n'est pas aussi performant qu'espéré, notamment pour les pays en développement. Pour que le WHED soit réellement représentatif, à critères constants, il faudrait déjà être certains que ces pays soient correctement représentés. C'est d'ailleurs en aidant ces pays à améliorer leurs systèmes réglementaires et/ou statistiques qu'un tel répertoire augmenterait sa légitimité. C'est une oeuvre de longue haleine.

De même les jeunes établissements ou ceux qui répondent à des critères moins rigides ne peuvent apparaître dans ce répertoire. Naturellement tout assouplissement des critères entraînerait ipso facto une augmentation du nombre d'institutions admissibles et alourdirait les tâches liées à la gestion du WHED, et peut-être même sa conception technique et son management. Mais un paysage peut-il être décrit uniquement en comptant les arbres établis à défaut des jeunes pousses ou des inclassables ? La notion même de partie prenante, comme les seuls acteurs à prendre en compte, comporte un biais important, puisque pour rentrer dans le cercle fermé des partenaires privilégiés, il faut déjà en faire partie.

Enfin, la définition des règles par la seule AIU pose un évident problème de déséquilibre entre les institutions, un paradoxe pour un système qui se veut global au service de la communauté académique mondiale. La récente Convention mondiale  sur  la  reconnaissance  des  qualifications  relatives à l ́enseignement supérieur, adoptée fin 2019 par la Conférence générale de l'UNESCO (pp. 14-27), donne une nouvelle dimension à ces questions et relance l'intérêt d'instruments comme le WHED, modernisés.

De nombreux concurrents au WHED existent ou sont en gestation/projet, dans la lignée de l'ébullition autour des classements. Je reviendrai sur cette question qui se pose pour moi simplement en termes de responsabilité : qui doit/peut être responsable de tels outils globaux ? l'AIU, un cercle plus large d'acteurs et d'associations, des opérateurs commerciaux, des États ou des regroupements visant leurs intérêts, l'UNESCO elle-même, ou d'autres... ? Vaste question, vrai débat.

En attendant, allez visiter et interroger le WHED !

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